Expat en Thaïlande, ça vous dit ?
Guillaume et Chrystelle sont installés en Thaïlande depuis 2010. Grands voyageurs, ils ont emprunté leur devise à Antoine de Maximy (J'irai dormir chez vous) : Quand rien n'est prévu, tout est possible.
Et pour bien mettre en évidence que le monde est petit. C'est en commentant sur nos blogs qu'on s'est connu. Et en y regardant de plus près, je me suis rendu compte que je suis allée manger dans leur restaurant à Chiang Mai lors de notre tour du monde ! On s'est donc déjà rencontré ! Surprenant, non ?
Sur leur blog Tout un voyage -2 farangs en Thaïlande , on partage leur quotidien d'expatriés à Chiang Mai, leurs voyages. Et pour tous ceux qui veulent monter un business en Thaïlande, c'est une mine de conseils.
Vous faisiez quoi en France ? Nous travaillions tous les 2 au sein d’un grand groupe hôtelier français. Guillaume s’occupait de la maintenance des bâtiments du siège et je faisais du Marketing. 2 activités très différentes de celle que nous occupons aujourd’hui en Thaïlande !
Pourquoi la Thaïlande ? Le choix de la Thaïlande est un peu le résultat de nombreux concours de circonstances. Guillaume a un très bon ami d’enfance qui s’est installé à Chiang Mai, il y a 4 ans. Fin 2009, nous avons effectué un premier voyage en Thaïlande pour assister à son mariage. Lors de ce séjour, nous avons totalement été séduits par le pays et les Thaïlandais. De plus, cela ne semblait pas trop compliqué pour des étrangers de monter une petite affaire et d’obtenir des visas. Seulement notre cœur penchait pour le Népal, un pays dont nous sommes tombés amoureux lors d’un séjour en 2008. Lorsque nous avons véritablement décidé de quitter la France début 2010, c’est tout naturellement que nous nous sommes dirigés vers ce si beau pays. Pourtant, très vite, nous nous sommes rendu compte de la difficulté d’ouvrir une affaire pour des étrangers. Et puis les conditions de vie nous ont également beaucoup découragés. Nous sommes donc retournés en Thaïlande et ce séjour fût décisif. On s’est senti vraiment bien à Chiang Mai. Après des mois d’errance, nous avions la sensation d’être arrivés à destination.
Quelle est votre activité ? En octobre 2010, nous avons ouvert un restaurant franco-thaï dans la vieille ville de Chiang Mai. Un secteur d’activité que nous ne connaissions pas, mais Guillaume est un grand passionné de cuisine et le challenge nous plaisait. Guillaume s’occupe de gérer la cuisine et l’approvisionnement, tandis que je m’occupe de l’accueil des clients et de la comptabilité. Pour le moment, nous sommes fermés, basse saison oblige, mais nous allons rouvrir très prochainement.
Quelles sont les habitudes thaïlandaises auxquelles vous ne vous habituez pas ? Le plus déroutant en Thaïlande, c’est que vous ne saurez jamais ce que pensent véritablement les Thaïlandais. Les Thaïlandais ont le souci de préserver la face en toute circonstance et ne vous dirons jamais non. Même s’ils ne partagent pas nos convictions, ils nous diront toujours ce que l’on veut bien entendre. Si bien que l’on ne sait jamais s’ils nous apprécient vraiment ou s’ils sont juste polis avec nous. Après 2 ans de vie en Thaïlande, le sourire énigmatique des Thaïs ne nous a pas encore livré tous ses secrets. Autre comportement très déroutant pour nous : le manque d’initiative, notamment dans le travail. Pour les Thaïlandais, c’est le patron qui prend toutes les décisions et les employés qui exécutent les ordres à la lettre. Les Thaïlandais n’ont pas l’habitude d’être autonomes dans leur travail, car prendre une initiative est considéré comme un affront pour le patron. Si bien que nous devons en permanence les suivre dans tout ce qu’ils font. On a souvent l’impression de jouer un rôle de parents pour notre staff.
Est-ce difficile de s'intégrer en Thaïlande ? Les Thaïlandais sont dans l’ensemble très accueillants et acceptent relativement bien les étrangers. Nous n’avons jamais essuyé de commentaires désobligeants de la part des Thaïlandais. De toute façon, ils ne se permettraient jamais de vous critiquer ouvertement, ce n’est pas dans leur culture. Ils seront d’autant plus amicaux s’ils sentent que vous essayez de vous intégrer et notamment de parler le thaï. La véritable difficulté se situerait plus dans la constitution d’un réseau social. Avec les Thaïs, les amitiés restent relativement superficielles à cause de la barrière de la langue. Pour autant, nous sommes régulièrement invités à des soirées. Avec les expatriés, cela devient très compliqué si vous êtes une femme. La majorité des expatriés sont des hommes et Guillaume peut facilement se faire une soirée « entre hommes ». Pour ma part, il y a tellement peu de femmes expatriées sur Chiang Mai, qu’il m’est très difficile d’organiser des soirées « filles ».
Fréquentez-vous la communauté francophone de Chiang Mai ? Nous ne côtoyons qu’une partie de la communauté francophone de Chiang Mai, celle qui nous correspond le mieux. Certains Français ont également ouvert un commerce et nous aimons nous retrouver pour partager nos expériences respectives.
Quelle(s) langues pratiquez-vous au quotidien ? Avez-vous progressé en thaï malgré l'arnaque dont vous avez été victime ? Français pour la plupart du temps, mais anglais au restaurant. Nous avons un peu progressé en thaï, car notre staff ne parle pas l’anglais ou très mal. Ce sont au final nos meilleurs professeurs, puisque nous n’avons pas le choix si nous voulons communiquer avec eux. Nous pouvons maintenant nous exprimer au quotidien, faire les courses au marché, négocier les prix en thaï… Malheureusement, nous ne pouvons toujours pas suivre une conversation, même basique.
Qu'est-ce qui vous manque de la France ? Incontestablement nos familles et nos amis. Même si nous communiquons beaucoup sur Skype, cela ne remplacera jamais un bon petit dîner de famille ou une soirée avec nos amis. Pour la nourriture française, il y a tout ce qu’il faut, mais nous rêvons d’une coupe de champagne, un luxe en Thaïlande. Et bizarrement, l’architecture des rues parisiennes ! Chiang Mai est une ville très agréable, mais très bétonnée. Les nouvelles constructions sont dépourvues d’âme et l’on se prend parfois à rêver d’immeubles haussmanniens.
Quels sont les points positifs de votre nouvelle vie ? Le premier point positif est le sentiment extrême de liberté. La société française est très critique vis-à-vis de tous ceux qui sortent des sentiers battus. Et nous ne faisions pas exception à ce jugement permanent. À l’inverse, les Thaïlandais sont des personnes très ouvertes, qui ne vous jugeront jamais sur votre style de vie ou vos choix. En France, nous aurions également eu beaucoup plus de difficultés pour monter notre entreprise : difficultés financières d’une part et crédibilité d’autre part. Il nous paraissait très difficile de changer d’orientation professionnelle sans expérience ou sans les diplômes adéquats. En Thaïlande, les fonds de commerce sont accessibles avec un minimum d’économie et personne ne vous demandera de vous justifier sur votre parcours professionnel. Autre point positif, la découverte permanente. Même si nous nous sommes installés dans une nouvelle routine, nous continuons à être surpris au quotidien, à nous émerveiller. Vivre à l’étranger, c’est un apprentissage permanent. À cela s’ajoute bien sûr le climat exceptionnel de Chiang Mai, C’est un peu cliché, mais vivre en tongs toute l’année est très agréable.
Quelles nouvelles opportunités vous amèneraient à changer de destination ? Nous n’abandonnons pas notre idée première d’ouvrir une guesthouse. Si la restauration est un très beau métier, cette activité est hautement chronophage, et nous ne souhaitons pas poursuivre, à moyen terme, dans cette activité. Pour le moment, nous n’avons pas les moyens financiers d’acheter une guesthouse en Thaïlande. Si l’opportunité se présentait dans un autre pays, nous sauterions sur l’occasion. Nous réfléchissons également à une éventuelle installation sur Bangkok, non plus en tant qu’auto-entrepreneurs, mais en tant que salariés. Une chose est sûre, nous respecterons une autre de nos devises : « Un jour ici, demain ailleurs ».
Super parcours, non ? Où auriez-vous envie de vous installer ? En Thaïlande comme Chrystelle et Guillaume ?