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Mathilde a 16 ans et a vécu 7 ans en dehors de France (Taïwan et États-Unis). Elle nous livre ses impressions sur sa vie à l’étranger.

 

 

 

Peux-tu te présenter ? Je m’appelle Mathilde,  j’ai seize ans et je vis aux États-Unis dans l’état du Kansas (Celui-ci fait partie d’une région que les Américains surnomment « The Midwest ».). J’ai deux petites sœurs : Amelia (13 ans) et Sibylle (10 ans), un petit frère : Cyprian (six ans dans un mois.) et un cochon-d’inde nommé Balthazar.  Je suis  en première (ou du moins l’équivalent de la première aux Etats-Unis : la « Junior  year ».). Dans mon temps libre je cours (Je suis dans l’équipe de course de fond de ma « high school ».)je fais du bénévolat (En ce moment  j’aide les employés d’une maison de retraite.), j’organise les « meetings » du club de Protection des Animaux  du lycée (dont je suis la Co-présidente.), je complète les nombreux devoirs que mes professeurs me donnent quotidiennement et je voyage avec mes parents pendant les vacances (Cette été on a fait un tour de deux semaines dans le Nord-ouest du pays : du désert dans le Colorado, jusqu’aux « Black Hills » du Dakota du Sud, en passant par les plaines du Wyoming et les parcs du « Grand-Teton » et du « Yellowstone ».). Etant quelqu’un qui adore inventer des histoires, je m’inspire de mes découvertes pour écrire des récits d’aventures.

 

Dans quels pays as-tu vécu ?

Je suis née à Grenoble, en France le six septembre 1996. Lorsque j’avais trois ans, j’ai déménagé à Taïwan (une petite ile non loin de la Chine sur laquelle on parle Chinois). A l’âge de six ans je suis retournée en France et j’y suis demeurée jusqu’à mes douze ans. Cette année là je suis allée habiter en Californie. Enfin il y a un an, je suis arrivée au Kansas.

Où es-tu scolarisée ? Comment t’es-tu adaptée ? Les méthodes d’enseignement sont-elles différentes ?
A Taïwan j’étais dans une école européenne privée en section « british », mais je suis incapable d’en dire plus, car mes souvenirs sur cette partie de ma vie sont extrêmement flous. A Grenoble je suis allée dans des écoles internationales afin de préserver mon anglais.
Aujourd’hui je suis dans un lycée américain publique et cela fait trois ans que je suis scolarisée dans ce système.

L’enseignement secondaire est très différent ici : en tout j’ai sept classes (Histoire européenne, Psychologie, Biologie 2, Anglais, « Speech », Espagnol niveau quatre et Maths.) et tous les jours je les ai toutes dans mon emploi du temps (De sept heures quarante à quatorze heures quarante, j’ai ces sept classes qui durent chacune cinquante minutes, ainsi qu’une « recréation » de vingt-cinq minutes qui sert aussi de pause déjeuner.).  Il n’y a que le Mercredi et le Jeudi où mon emploi du temps est différent : Le Mercredi j’ai toutes mes classes impaires (heures 1,3,5,7) et le Jeudi toutes mes heures paires (2,4,6 avec une pause d’une heure et demie pour faire mes devoirs, sauf que cette année comme je fait le programme du Baccalauréat International au lieu de cette « permanence » comme dirait les lycéens
français, j’ai une classe de Philosophie.).  Le lycée commence en troisième, contrairement en France ou le lycée commence en seconde, et entre la troisième et la terminale afin de pouvoir graduer (Recevoir le diplôme qui confirme l’achèvement de ces quatre ans.) il y a un certain nombre de crédits qu’il faut compléter (Un crédit correspond a un an d’une certaine matière.). Le nombre et le type de crédit qu’il faut compléter  au MINIMUM sont les suivants: quatre crédits d’Anglais, trois crédits d’histoire/géographie/ éducation civique (un crédit de géographie du monde, un crédit d’histoire américaine, un demi crédit de « American Government », un demi crédit de sociologie, de psychologie ou d’histoire européenne), trois crédits de science (un crédit de Biologie, un crédit de Physique ou de Chimie, et un crédit de science environnementale ou de météorologie, d’anatomie, ou encore de zoologie,…), un
crédit d’éducation physique, un crédit d’art, un demi crédit de « Health » (Une classe sur la sante physique, émotionnelle, mentale,…), trois crédits de Math, et sept crédits et demi d’options (Il y en a pour tous les gouts et les couleurs : classes sur la mode, le théâtre, la sculpture, les bijoux, la cuisine, l’ovation publique, la couture, le journalisme, l’écriture de fiction,…).

Le système d’éducation reflète très bien le système politique et économique du pays ; c ‘est à dire que les matières sont classées par niveaux. Par exemple pour chaque classe de Math, il y a un niveaux pour les « nuls », un autre pour ceux qui se débrouillent bien, mais qui ne sont pas des génies et enfin un pour ceux qui sont un assez précoces. Bien sur comme dans tout dans la vie il y a des points aussi bien négatifs que positifs : pour ceux qui ont des difficultés, être dans une classe où le professeur avance plus lentement à travers le programme de l’année, leur permet de mieux comprendre. Le problème avec tout ça c’est que très souvent des élèves paresseux ou vraiment pas très futés choisissent la classe la plus facile afin d’avoir moins de travail a faire. Du coup ceux qui ont en vraiment besoin n’apprennent pas a se pousser et a essayer de devenir meilleurs, car ils sont entourés d’individus qui refusent de travailler. Et soyons francs ; c’est une forme de ségrégation puisque malheureusement, la plupart des personnes qui viennent d’un milieu défavorisé se retrouvent dedans (Souvent des africains-américains.).
En ce qui me concerne je suis dans un des programme offert a mon lycée (J’y ai déjà fait référence un peu plus haut, mais Le « International Baccalaureate », aussi connu sous le nom d’I.B.). J’ai choisi de prendre le chemin de la difficulté, car : d’un grâce au diplôme I.B. que je recevrai a la fin de ma terminale, j’aurais le choix d’aller dans n’importe quel pays pour faire mes études (C’est pour cela qu’on le qualifie de programme international.), mais aussi parce que pour avoir une bonne éducation dans ce pays il faut prendre les classes les plus dures.

Quelle(s) langue(s) utilises-tu quotidiennement ? Au lycée je parle anglais et à la maison je parle français.

De quelle(s) nationalité(s) sont tes amis ? J’ai des amis français qui vivent en France ou a l’étranger, des amis américains, des amis anglais, irlandais, et écossais que j’ai connu dans la primaire international dans laquelle je suis allée lorsque je vivais encore en France, des amis asiatiques (De Chine, de Corée ou du Japon) qui vivent en Californie (Dans le lycée ou j’allais là bas, 70% des élèves étaient originaires d’Asie.), quelques amies africaines au Kansas et des amies d’origine arabe en France.

 

Quels sont les avantages et les inconvénients de la vie à l’étranger ?

Les avantages : Personnellement, je pense que parce que j’ai tant déménagé, je suis très  ouverte et tolérante vis a vis des différentes mentalités, religions et cultures qui côtoient ce monde. Par exemple j’ai des amies qui prennent leur foi très au sérieux (Elle vont tous les dimanches à la messe et des fois elles ont des idées très fondamentalistes et arriérées), très souvent je ne suis pas du tout d’accord avec elles, mais je respecte leur opinions et leurs croyances. Des fois c’est dur, mais avec un peu de recul ça devient plus facile. Aussi je pense que si je n’avais pas déménagé au États-Unis je ne serais pas aussi sportive : ici les lycées ont des équipes de sport  (tennis, foot, football américain, gymnastique, cross-country, athlétisme, etc.) et celles-ci aident à se construire un esprit de groupe, à se faire des amis, à rester
en bonne sante et à devenir plus fort mentalement et physiquement. Les sports fonctionnent par « saisons » : en automne je fais partie de l’équipe de « cross-country » et au printemps je fais de l’athlétisme (Plus précisément je cours le 1,600m et 3,200m.) et l’hiver je cours avec des amies pour rester en forme. Aussi ici il y a une culture du bénévolat : tout lycéen qui veut rentrer dans une bonne université doit en faire, mais il y a des gens qui en plus de le faire pour cette raison là, le font aussi pour le plaisir d’aider les autres (Ce qui est mon cas.).
Les inconvénients : La distance qui me sépare de ma famille, les nouveaux « codes » qu’il faut apprendre (Par exemple, il faut que je me renseigne pour mieux savoir comment fonctionne le système universitaire.) et les écarts entre ma culture et celle de ceux qui sont originaires d’ici.

 

 

Qu’est-ce qui te manque de la France ? Il y a des soirs ou j’ai des coups de cafard et je pleure parce j’ai besoin de voir ma famille (mes grands-parents, mes oncles, mes tantes, mes cousins, etc.) A part ça il y a des jours où je donnerai n’importe quoi pour manger un fromage bien puant et coulant, une bonne baguette, ou une succulente pâtisserie  (On trouve un peu de nourriture française ici, mais ce n’est pas pareil.) Une dernière chose qui me manque c’est ce que j’appelle « les relations amicales à la française ». Ici les gens ont tendance a être très superficiels : très souvent les gens sont amis seulement pour s’amuser. En comparaison les français sont beaucoup plus « vrais » et « naturels ». Il y a très peu de personne à qui je peux me confier lorsque je ne me sens pas très bien (C’est peut être aussi dû a l’écart entre les deux cultures.).

 

 

As-tu envie de découvrir d’autres pays ?

Oui la liste des endroits que je veux visiter n’a pas de fin : Je veux aller dans les régions arctiques pour voir des animaux de la banquise et des aurores boréales, je désire aller en Amérique du Sud pour faire des randonnées dans les Andes et explorer la foret Amazonienne, je n’ai qu’une envie : faire un tour de l’Europe en voiture avec ma meilleure amie, je me languis d’aller en Afrique pour faire des safaris dans la savane et voir la Maroc (Le pays où est née ma grand-mère), je rêve de traverser la Russie a bord du transsibérien en m’arrêtant au lac Baïkal sur la route, j’aimerai tant marcher le long de la Grande Muraille de Chine, et enfin plonger dans l’Océan Indien pour voir la Grande Barrière de Corail ferait mon bonheur. Bref il me faudrait plus d’une vie pour faire toutes ces choses là, mais bon rêver ne fait mal a personne et peut être qu’avec un peu de chance j’arriverai a concrétiser au moins un ou deux de ces projets.

 

Lorsque tu seras  adulte, puis parent, envisages-tu aussi de t’expatrier ? Oui, car je veux que mes enfants aient une certaine ouverture sur le monde qui les entoure et vivre dans plus d’un pays aide a développer cette ouverture. Peut être que je ferai quand même en sorte de ne pas faire déménager ma famille autant de fois que mon père nous a fait déménager pour pas que mes enfants aient à faire face à autant de bouleversements que moi.

Tu rêverais de vivre où ? N’importe où tant que je vis dans un endroit où je suis entourée par des gens ouverts et généreux, mais c’est vrai qu’en ce moment je penche plutôt pour le Québec : pour moi ça représente un pont entre les deux mondes auxquels j’appartiens et entre lesquelles je suis constamment déchirée.

 

 

Ton regard sur la France et les adolescents français vivant en France.

Pour être franche je pense que beaucoup de français râlent plus qu’il en est nécessaire. Du côté américain, comme je l’ai dit plus tôt, beaucoup de gens (pas tous) sont superficiels : ils parlent et s’amusent avec tout le monde et sautent de groupe en groupe, mais les personnes avec qui ils partagent une vraie amitié se comptent sur le bout des doigts. En comparaison les français sont beaucoup plus « vrais » et « naturels » (En tous cas ceux que je connais). Souvent, il n’y a pas beaucoup de personnes à qui je peux me confier lorsque la France me manque ou que je ne comprends pas un « code » de la société, bref quand mon statut d’étrangère redevient apparent. Je pense que ceux qui se comportent d’une manière superficielle sont comme ca, car ils ne sont jamais sortis de leur ville natale, qu’ils n’ont pas l’habitude de parler de choses sérieuses, et qu’on ne leur a jamais vraiment appris d’essayer de se mettre à la place de quelqu’un de différent. Il y a des jours où j’ai vraiment l’impression qu’il faut toujours être en train de sourire, de s’amuser et de parler pour que mes amis s’intéressent a moi, mais bon avec un peu de recul on se rend compte que dans beaucoup de cas c’est juste une question de culture.

Pour en savoir plus :

Mathilde a créé un blog avec sa sœur et leur cousin, culturevalise.weebly.com, un site imaginé par des ados pour des ados !

Lire aussi le témoignage d’Isabelle, la maman de Mathilde.

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