Peux-tu te présenter ? Mariposa, 28 ans,et belge. J’ai vécu près de trois ans en Espagne où j’ai « participé » à différents programmes d’échanges après mes études.

 

Dans quel pays es-tu allée pour tes études ou ton stage étudiant ? Pour quelle durée ? J’ai participé à trois programmes différents, toujours en Espagne.

  • Un Service Volontaire Européen de 9 mois de mars à décembre 2008 dans une ONG à Logroño.
  • Un Forem International Traineeship (un équivalent belgo-belge du programme européen Leonardo) de 3 mois (janvier-avril 2012) dans une autre ONG, à Madrid cette fois.
  • Et 2x 8 mois (octobre 2010- mai 2011 et octobre 2011-mai 2012) comme auxiliaire de conversation de français dans une école secondaire, de nouveau à Logroño.

Entre chaque programme, je suis rentrée en Belgique.

 

Erasmus ou non ? Il ne s’agissait pas d’un Erasmus, vu que je suis partie une fois mes études terminées (Licence en Sciences Politiques-Relations Internationales et spécialisation en Gestion du développement). Je suis partie en Service Volontaire Européen, et un an plus tard en stage, afin d’acquérir de l’expérience professionnelle dans le domaine des ongs.

Quant au programme d’auxiliaire de conversation, c’était une opportunité de me rapprocher de mon copain de l’époque et puis, j’ai tellement apprécié la première année, que j’ai repris des études à distance en Français Langue Étrangère.

 

 

Maîtrisais-tu déjà la langue du pays ? J’avais étudié l’espagnol deux ans à l’université mais entre mon dernier cours et mon départ, il s’est écoulé près de deux ans. J’avais donc des bases mais les premiers mois de mon SVE furent un peu difficiles. Au début, je fuyais mes colocs parce qu’après une journée à bosser dans un environnement 100% espagnol, je n’y arrivais plus, j’avais besoin de souffler et je passais mes soirées avec d’autres volontaires, francophones.

J’ai complétement noté la différence avec mon stage en 2010 où j’ai direct passé deux heures à papoter autour d’un café avec mon tout nouveau coloc’ et où je l’ai suivi dans Chueca pour la soirée.

 

Quelles difficultés as-tu rencontrées ?  En ce qui concerne le SVE et le stage à Madrid, étant donné qu’il me fallait trouvé moi-même une organisation pour m’accueillir, j’ai parfois un peu ramé. Dans le cas du SVE, il faut savoir que l’Espagne reçoit énormément de demandes et qu’il y a donc beaucoup de refus. J’ai même fini par élargir mes recherches à d’autres pays européens dont je ne maîtrisais pas du tout la langue (Allemagne, République Tchèque, Finlande etc) et puis finalement, j’ai reçu une réponse positive.

Pour le stage à Madrid, ayant un copain à Logroño, j’ai envoyé des candidatures à plusieurs organisations dans un rayon relativement proche (Madrid se situe à 400 km environ de Logroño). Comme j’ai eu du mal à obtenir des réponses positives, j’ai contacté des formateurs de formations que j’avais suivies en coopération et solidarité internationale pour leur demander si ils connaissaient des organisations intéressantes en Espagne. C’est comme ça que j’ai trouvé ACSUR LAS SEGOVIAS et j’ai sans doute obtenu le stage en me recommandant un peu…

Pour le programme d’auxiliaire de conversation, je souhaitais retourner à Logroño et comme la région est très peu connue à l’étranger, ça n’a pas posé de problèmes. Par contre, en Belgique, il faut passer devant un jury qui sélectionne les candidats (mais c’est ouvert à « tous » contrairement à ce qui se fait en France)

 

Es-tu satisfaite de la qualité des cours/du stage ? En ce qui concerne le SVE, du point de vue professionnel, je suis moyennement satisfaite mais il faut dire aussi que ma maîtrise imparfaite de la langue a été un frein au départ. De plus, je suis (j’étais) d’un naturel timide et je n’ai pas été assez demandeuse de tâches à effectuer. Pour le reste, l’équipe m’a accueilli à bras ouverts et j’ai garde le contact avec l’organisation.

Pour le stage à Madrid, c’est sans doute là où j’ai le plus appris. Mais c’est aussi dû au fait qu’à la base je maîtrisais déjà beaucoup plus la langue et que l’équipe plus petite (deux personnes, j’étais au bureau « régional » pour Madrid) ont fait qu’il y avait d’office plus de travail à accomplir et que j’ai directement été mise au travail.

Quant au programme d’auxiliaire, c’est à géométrie variable, tout dépend des professeurs avec qui l’on doit travailler et comment ils s’envisagent votre rôle. Dans mon cas, j’ai eu une collaboration hyper enrichissante avec une prof française et j’avais un rôle un peu plus en retrait avec l’autre prof. Je sais par contre que certains professeurs voient l’assistant comme un remplaçant à qui ils cèdent allégrement leurs heures de cours et d’autres qui vous cantonnent à un rôle bien précis, sans marge de manoeuvre.

 

Comment as-tu financé ce séjour ? Pour le SVE, on reçoit une bourse de l’Union Européenne qui tourne autour de 255 euros/mois en Espagne mais le logement est payé et trouvé par l’association d’accueil.

Pour le Forem International Traineeship, j’avais une bourse de 2500 euros + 500 euros supplémentaires au retour, conditionné à la remise d’un rapport de stage. Pour trois mois, c’est donc tout à fait gérable.

Quant au programme d’assistant, c’est 700 euros par mois pour douze heures de cours. C’est parfois un peu juste, je donnais des cours particuliers de français et d’anglais pour être plus à l’aise.

 

Quel type de logement as-tu trouvé ? Pour le SVE, c’est l’association qui m’avait trouvé une colocation avec trois espagnoles, autant dire que j’ai pas mal progressé en espagnol, même si les premiers mois, après le « boulot », je ne pouvais plus entendre parler espagnol, ça me demandait trop d’efforts après la journée au bureau et je me réfugiais alors avec un groupe de français.

Pour mon stage à Madrid, j’ai eu de la chance de trouver un appartement en plein centre, à 10-15 minutes à pied de mon lieu de stage via le groupe adhoc du site Couchsurfing. Une coloc avec trois espagnols et une autrichienne.

Et enfin, pour mes deux années d’auxiliaire, comme j’avais déjà des amis sur place, j’arrivais chez eux et je cherchais ensuite un appart. Une coloc avec trois espagnols la première année et la deuxième, je louais l’appartement de la grand-mère d’une amie, que j’ai partagé au bout d’un mois avec l’assistante d’anglais de mon lycée, une irlandaise.

Bref, je parlais toujours espagnol « à la maison » !

 

Qu’est-ce que ça t’as apporté ? En premier lieu, je dirais de la confiance en moi et la capacité à me débrouiller toute seule. Je n’hésite plus à demander mon chemin ou demander conseil aux vendeuses (d’ailleurs, je fais maintenant comme les espagnoles et j’apporte chaussures et la jupe/robe que je vais porter pour choisir mes collants). Je suis moins timide qu’avant, je ne sais pas si c’est dû au fait que j’ai dû apprendre à régler pas mal de choses par moi-même, aux rencontres et au Couchsurfing ou simplement à la manière d’être des espagnols qui a fini par déteindre un peu sur moi… Et puis, beaucoup d’amis et de rencontres importantes ! À chaque séjour, il y a des gens que j’ai appris connaître et qui compte aujourd’hui beaucoup pour moi (et vice-versa) !

 

Gardes-tu des amis internationaux rencontrés pendant cette période ? Oui, même si ils sont majoritairement espagnols ! Après, malgré quelques rencontres lors de semaines de formation du SVE (deux petits séjours d’une semaine à l’arrivée dans les pays et à mi-parcours, avec plein d’autres volontaires issus de différents pays européens et installés un peu partout dans le pays), j’ai peu d’amis d’autres nationalités. Quelques français, un ami américain et une amie slovène avec qui j’ai des contacts plus ou moins réguliers par mail et que j’essaie de voir dès que l’occasion s’en présente.

 

Recommanderais-tu de tenter cette expérience ? Pourquoi ? Quels conseils ? Je n’aurais qu’une seule chose à dire, si vous en avez l’opportunité, foncez ! Une expérience à l’étranger c’est à la fois quelque chose qui vous révèle à vous-même et aux autres mais aussi l’occasion de se plonger dans une culture différente, de rencontrer des personnes différentes et de s’y confronter. On en ressort grandi et enrichi. Pour ma part, je crois pouvoir dire que j’ai vécu mes plus belles années en Espagne, peut-être aussi parce que lors d’un séjour à l’étranger, tout est ressenti plus fort…

Comme conseils, je dirais de bien se renseigner sur les modalités du programme avec lequel vous partez, quels sont les devoirs et les droits que celui-ci vous donne (rapport de stage à rendre, limites horaires du stage et responsabilités, versement de la bourse, logement pris en charge ou non,… ). Partir avec une réserve d’argent pouvant couvrir vos frais des deux premiers mois parce que dans le programme d’auxiliaire par exemple, le versement des premiers mois tarde parfois un peu (beaucoup).

 

Est-ce que ça t’as donné envie de voyager ou de t’expatrier ? Où ? Voyager, en Espagne pour commencer car malgré les bourses, j’en ai très peu profité pour voyager dans le pays et plus je le connais, plus il y d’endroits que j’ai envie de découvrir : Salamanca, retourner à Barcelone, Valence, les Asturies, terminer le chemin de Saint-Jacques, l’Andalousie, etc. Et puis, avec les récits de voyage d’amis couchsurfers, je suis aussi tentée de partir en Amérique Latine ou dans l’Est et le Nord de l’Europe. Suite à un voyage au Zimbabwe avec une ong belge en 2007, l’Afrique me tente aussi beaucoup. Bref, des idées de voyage, j’en ai plein !

Quant à m’expatrier, si l’envie y est, en Espagne en ce moment, la situation est assez difficile et comme je viens de décrocher un job en Belgique, je ne pense pas repartir pour un long séjour avant un bon bout de temps. Mais qui sait ?

 

Peut-on lire ton parcours sur un blog ? Oui, sur trois blogs en fait.

Mi vida española (http://mividaespanola.skynetblogs.be/) , le blog que j’ai ouvert à la moitié de mon SVE.

Entre ici et là-bas, la vida de Mariposa,  (http://demoiselle-papillon.over-blog.fr/ ), le blog que j’ai commencé un peu avant mon départ pour Madrid

et enfin Ici ou là-bas, la vida de Mariposa, (http://demoisellepapillon.blospot.com ), celui que j’ai ouvert au début de ma première année comme auxiliaire de conversation.

 

Cet article a 8 commentaires

  1. C’est super intéressant, comme témoignage !
    Cela fait un an que je devais entamer des démarches pour un SVE mais le travail m’en a un peu empêchée… Seulement je ne lâche rien, je compte recommencer l’année prochaine les démarches ! 6 mois, tout de même !
    Et je me demandais justement comment ça se passait sur place quand on arrive avec peu de bagage langagier dans la valise ! Merci 🙂

  2. Petitgris

    Beau témoignage ! Il faut de la ténacité…mais après quellle satisfaction de se sentir à l’aise à l’étranger ! La jeunesse a bien de la chance ! Belle journée bises +1

  3. Sylvie

    Merci. C’est toujours intéressant, je trouve, de découvrir des parcours de vie.

  4. Sylvie

    Merci. Tu nous raconteras quand tes démarches auront abouties (ce que je te souhaite) !

  5. Sylvie

    Merci Petitgris. C’est vrai que les possibilités d’expériences internationales se sont multipliées. Quelle chance !

  6. Maud PEYRETOU

    Salut Sylvie,

    Je suis en formation à l’IFAID à Bordeaux, pour être « coordinateur de projet de solidarité international et local » et je souhaite partir l’année prochaine en Espagne, justement avec un Léonardo!

    Je suis tombé sur ton récit de voyage par hasard, (qui n’a fait que confirmé mon projet!!) et j’aurais aimé savoir s’il était possible qu’on en discute un peu plus..

    A bientot,
    Merci d’avance,
    Maud

  7. Anna

    Salut !
    Merci pour ton témoignage !
    J’aimerais bien devenir assistante de français mais je ne trouve pas d’organisme belge pouvant m’aider à réaliser ce projet. Le problème étant que je n’ai pas de diplôme (j’ai arrêté mon cursus).
    Pourrais-tu me dire par quel organisme tu es passée pour partir comme assistante de français ?
    Merci beaucoup !
    Anna

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