Le Graff Tour de Toulouse
Du Street-Art #EnFranceAussi
Pour coller au thème du mois "La France underground" choisi par Sabrina du blog tuPariscombien ?, j'ai suivi une visite guidée, "Le Graff Tour" proposée par l'Office de Tourisme de Toulouse pour notre rendez-vous mensuel #EnFranceAussi.
Une très bonne idée car Toulouse est la 2ème ville de France après Paris au niveau de la richesse de ses graffitis.
Voici donc ma balade d'hier après-midi où le printemps a pointé le bout du nez en nous apportant douceur et ciel bleu (incroyable après l'épisode neigeux d'il y a quelques jours !). Je ne vous ferai pas un contre-rendu exhaustif de cette visite (il faut y aller !) mais voici quelques oeuvres et ce que j'en ai retenu.
L'artiste Mile
Flavien Flavor, ou Mile de son nom d'artiste, nous a accompagné tout au long de ce Graff Tour et nous a éclairé de ses connaissances "de l'intérieur"sur ce milieu du street-art.
Le vocabulaire : Un tag est une signature. Un graffiti est fait à la bombe. Le street-art est le terme générique qui comprend toutes les techniques d'art graphique de rue : les graffs, les pochoirs, les tickets... Un blaz est le pseudo, le nom d'artiste
Il nous a aidé à mieux comprendre comment on peut vivre de cet art : en se faisant connaître dans des festival puis en recevant des commandes de particuliers, d'entreprises, de municipalité...
Originaire de la région parisienne, il vit et travaille maintenant à Toulouse. Il est reconnu en tant qu'artiste et est souvent appelé à voyager. Voici son compte Facebook pour voir ses oeuvres : Milegapdrs
Mile est aussi aide-éducateur et fait peindre des enfants et des adultes, mais aussi des personnes aveugles (étonnant !), sourde ou en difficulté sociale. Il est très engagé dans le milieu associatif.
Histoire du street-art
Même si certains comparent le graffiti à l'Art pariétal car l'homme a toujours voulu laissé sa trace, on peut dire que le street-art est issu de la culture Hip Hop et remonte plutôt au début des années 70. Les débuts se font dans le métro à New York où des jeunes gens apposent des graffs avec des bombes utilisées en carrosserie.
C'était totalement underground, illégal et fait très vite la nuit de préférence. L'avantage du métro, c'est qu'il se déplace et que c'est vu par un grand nombre de personnes.
A Toulouse, le mouvement a démarré dans le quartier Arnaud Bernard dans les années 80. C'est là aussi qu'il a été officialisé. La mairie lui a offert son premier mur dans les années 90, dans le jardin d'Embarthe, au coeur de ce quartier populaire.
Ce mur, graffé par Soune en 1994, est encore intact près de 25 ans plus tard. Cette durée de vie est assez rare car le street-art est par définition un art de rue, un art éphémère. Ce mur est donc un "dinosaure" comme le dit Flavien.
Le mouvement s'est peu à peu construit. Un groupe de graffeurs, qui se sont nommés Truskool (un clin d'oeil aux différentes écoles du graffiti : la old school et la new school), ont été les premiers européens à faire des échanges avec les autres pays. Ils ont fait venir les américains à Toulouse.
La Truskool a fonctionné ensemble jusqu'en 2002, mais s'est recomposé récemment sous l'impulsion de Tilt pour apposer une oeuvre de commande dans le quartier de leurs débuts.
Cette oeuvre composée de 7 strates (une par artiste : Siker, Ces-T, Soune, 2Pon, Tober, Der et Tilt) a été commandée par la Mairie. Le Maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, est paraît-il un grand amateur de street-art.
La rue Gramat à Toulouse
Cette petite rue du quartier Arnaud Bernard a été la première rue investie totalement par les graffitis. Elle est intéressante car les murales peuvent changer d'une visite à l'autre.
J'ai bien aimé les oeuvres très colorées créées lors du festival latino Graff 2017 par des artistes d'Amérique du Sud.
L'artiste 100taur aux Minimes
Cette fresque du quartier des Minimes (rue des Anges) est toute nouvelle puisqu'elle a été inaugurée en février 2018. Elle est monumentale : 65 mètres de long, 6 mètres de hauteur... bref près de 400 m2 ! Elle nous fait entrer dans l'univers fantasque de 100taur où on trouve un mélange de mythologie avec des personnage de dessins animés (Mickey, Bob l'Eponge..).
100taur, de son vrai nom, Nicolas Giraud, est né à Montauban en 1982. il est passé par les Beaux Arts. il aime les monstres, Picasso et la Grèce antique : joyeux mélange !
L'artiste ECB à Empalot
Heindrik Beikirch, dit ECB est un artiste allemand. Il peint des portraits gigantesque dans le monde entier (Corée du sud, Paris, New Delhi...) et même à Toulouse dans le quartier d'Empalot !
Malheureusement, le portrait du berger berbère va très bientôt être disparaître avec la destruction de l'immeuble.
Mon oeuvre préférée : celle de Mondé et Maye
Cette murale de 2016 est une oeuvre de Mondé et de Maye. On la trouve au métro Sant-Agne.
C'est derrière une vitre en entrant dans la station qu'elle est le plus visible. de l'extérieur, la barrière en cache une partie.
Je ne pourrais pas vraiment dire pourquoi, mais c'est l'oeuvre qui m'a le plus touchée pendant ce Graff Tour.
Loïc Mondé dit Démon ou Mondé est toulousain. Il a réalisé le fond de l'oeuvre, qui est composé d'écriture, de calligraphie très stylisée. Le rendu n'est pas exceptionnel en photo mais sur le mur, c'est vraiment très beau.
Victorien Lirai dit Maye est montpelliérain. il a réalisé la créature allégorique que je trouve très réussie.
Les femmes parmi les artistes du street-art
Elles sont peu nombreuses dans ce milieu. Par misogynie ? Parce que c'est plus dangereux de graffer la nuit pour une femme ? J'aimerais bien les interroger sur ce sujet.
A Toulouse, trois femmes sont sorties du lot et rencontrent un beau succès : Fafi, Mademoiselle Cat et Miss Van.
Cette murale de commande de Miss Van est visible en plein quartier des Carmes (un quartier ancien et plutôt chic de Toulouse, à contrario du quartier Arnaud Bernard ou Empalot) rue du pont de Tounis.
Le street-art est-il encore vraiment underground ?
Je dirais que c'est maintenant un art reconnu, qui se vend bien, qui est exposé dans des galeries à la mode et même dans les musées.
Un certain nombre d'artistes sont sortis du lot et vivent de leur Art (certains très très bien !).
Le street-art est maintenant institutionnalisé, et s'est un peu éloigné de la culture underground d'antan, il me semble. A Toulouse, une élue, Sophia Belkacem est en charge des cultures urbaines à la Mairie.
Pourtant, un Graff est toujours illégal, s'il n'est pas commandé, et son auteur peut être puni par une amende mais aussi par de la prison.
Je laisse les derniers mots à Flavien.
Infos pratiques
Cette visite guidée a lieu actuellement tous les mois (étant donné le succès rencontré, je parie que la fréquence pourrait changer). Elle se fait en partie à pied, en partie en bus, accompagnée par un binôme composé d'un guide conférencier de l'OT (Eléna, notre guide était vraiment très intéressante) et d'un artiste confirmé de street-art (pas toujours le même).
L'inscription se fait à l'Office de Tourisme ou en ligne : Toulouse-tourisme.com/visites-guidees
Le prix est de 15 euros pour 2h30 de visite ou plus suivant le groupe (je crois que ça déborde toujours !).
A gagner 2 A/R OuiBus d'une valeur de 160 euros
Si vous avez envie de venir à Toulouse admirer notre street-art ou bien aller vous promener ailleurs (c'est permis aussi^^), notre partenaire du mois OuiBus offre 2 aller-retour d'une valeur maximale de 160 euros pour 2 personnes (un pour un lecteur, l'autre pour un des blogueurs participant au rendez-vous #EnFranceAussi).
Pour cela, il faut commenter sur un des articles du rendez-vous (la liste sera à jour ci-dessous) avant le 15 mars et commenter sur notre page Facebook Rendez-vous EnFranceaussi

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