Pour nous inspirer, nous donner envie de repartir en 2021 (si si, ça va être possible !) et pour continuer de rêver du Monde, voici le portrait passionnant d'une grande voyageuse, auteure, chroniqueuse, journaliste voyage, fondatrice d'une agence de voyages sur mesure, enseignante en tourisme…. : Ariane Arpin-Delorme.
J'ai interviewé Ariane cet été suite à la lecture de son livre Elles ont conquis le monde en solo, dix récits inspirants de voyageuses (Les Editions de l'Homme – 2019) que je vous invite à lire si ce n'est pas encore fait. (Le livre est disponible en France et en Belgique sur Amazon et Fnac en version papier et numérique)
Peux-tu te présenter ?
Je suis auteure (5 livres + une fiction à venir au printemps 2021), chroniqueuse et journaliste voyage, enseignante en Tourisme et conférencière, je crois être une vraie passionnée dans tout ce que j’entreprends.
Ayant voyagé dans plus de 80 pays, j’ai accumulé une foule d’expériences variées dans l’industrie du tourisme: hôtellerie, guidage, coordination d’évènements caritatifs, promotion et marketing touristique, organisation de voyage et enseignement. J’ai fondé l’agence de voyages Parfums d’Asie en 2003, puis Esprit d’Aventure en 2013, où je continue d’agir à titre de conseillère et consultante en voyages sur mesure.
Parmi toutes tes activités, quelles sont celles que tu préfères ?
J’adore particulièrement pratiquer des activités de plein air, surtout : la randonnée pédestre, le vélo de route, la plongée sous-marine et en apnée ainsi que la voile (voilier ou catamaran).
J’ai toujours eu une espèce d’obsession en voyageant de rencontrer les gens à tout prix et de me sentir le plus possible dépaysée. Mais en 2007, je ressentais le besoin de me retrouver davantage en nature, ayant moins d’énergie mentale pour vivre l’expérience culturelle à puissance 1000. Je me suis donc donné la chance de participer à une expédition aux îles Galápagos, qui fut définitivement une révélation au niveau de l’observation de la faune et de l’importance de la conserver. S’en ai suivi de nombreux safaris-photos en Asie et en Afrique. Aujourd’hui, la rencontre avec les peuples est aussi importante pour moi, mais j’essaie en fait de presque toujours intégrer aussi la découverte de la faune.
Quelle voyageuse es-tu ?
Je crois être de nature curieuse et j'aime presque tout expérimenter. Même au quotidien, la vie devrait être faite davantage d’expériences et de moments spéciaux ou originaux.
J’aime aussi parler à tout le monde et en connaître davantage sur leur histoire et leurs origines.
Ta façon de voyager a-t-elle évolué au fil des ans ?
Oui, bien sûr! J’ose espérer qu’elle s’est améliorée, toujours dans le plus grand respect possible envers les communautés. Mais, mes goûts et intérêts ont aussi changé en partie.
J’ai aussi appris que malgré toute la préparation avant le voyage, on ne peut tout contrôler. Il faut apprendre à lâcher prise et à se laisser porter (ce que je n’arrive moins à faire au quotidien).
Quels avantages trouves-tu au fait de voyager en solo ?
Lorsque je voyage en solo, je peux être la meilleure version de moi-même. Je suis fière de mes petites et grandes victoires. Je suis aussi beaucoup moins stressée et plus en paix avec moi-même.
Voyager en solo, comme écrire, font partie des plus belles thérapies ! Du moins pour moi.
Voyager en solo m’a permis de comprendre qui j’étais, et non de me définir principalement par mon travail. Encore aujourd’hui, ça m’aide à accepter davantage que je n’ai pas le contrôle sur tout et de lâcher prise.
Être une femme est-il un avantage ou un inconvénient pour voyager seule ?
Je crois que voyager seule représente plus d’avantages que d’inconvénients.
Par exemple, les gens nous approchent beaucoup plus lorsque l’on est une femme en voyage, par curiosité et car ils souhaitent nous aider. On rencontre tellement plus de voyageurs, avec qui on ne peut que faire un bout de chemin, sans compromis si on ne le souhaite pas.
C’est enfin faire les choses à sa façon, sans trop de compromis. C’est définitivement l’une de mes meilleures façons de me fondre dans l’âme d’un pays et de tisser davantage de liens avec la population.
Quels sont les freins des femmes en général, et les tiens en particulier pour voyager en solo ?
Que l’on craigne pour sa sécurité (mais il faut écouter son instinct et bien se préparer préalablement), que l’on ait peur de rester seule ou que l’on pense s’ennuyer.
Personnellement, aussi loin que je me souvienne, je ne me suis jamais vraiment mis de frein à voyager en solo. À l’exception de randonner seule, suivant les destinations.
Quelles grandes aventurières des siècles derniers admires-tu particulièrement ?
Extrait de mon premier livre, co-écrit avec Marie-Julie Gagnon et publié chez Michel Lafon : Le voyage pour les filles qui ont peur de tout qui vient justement d’être réédité (Édition revue et augmentée).
- Isabella Lucy Bird (1831-1904) a parcouru le monde en 1873 malgré sa santé fragile, en ajoutant aux difficultés du voyage le port de son corset et de ses robes longues.
Ses carnets de voyage : Une Anglaise au Far West, Isabella L. Bird, Payot, 2004.
Chez les Tibétains : une voyageuse anglaise au Petit Tibet, Isabella L. Bird, Fédérop, 2008.
- Isabelle Eberhardt (1877-1904), née en Suisse d'une mère russe, a sillonné librement les déserts de l'Afrique du Nord, travestie en homme. Elle a choqué les mentalités de l’époque en vivant librement ses voyages.
Ses carnets de voyage : Lettres et journaliers, Isabelle Eberhardt, Actes Sud, 2003
Amours nomades, Isabelle Eberhardt, Gallimard, 2008
Ecrits intimes, Isabelle Eberhardt, Payot, 2003.
- Ella Maillart (1903-1997), née en Suisse, a parcouru l'Asie, la Russie, l'Afghanistan et l'Inde, en plus d'avoir travaillé sur des bateaux, participée aux épreuves de voile aux Jeux olympiques de 1924 et créé une équipe de hockey féminine!
Ses carnets de voyage : Parmi la jeunesse russe, Ella Maillart, Payot, 2003.
Oasis interdites, de Pékin au Cachemire, Ella Maillart, Payot Voyageurs, 2002
La Vagabonde des mers, Ella Maillart, Payot Voyageurs, 2002
La voie cruelle, deux femmes, une Ford vers l'Afghanistan, Ella Maillart, Payot, 2001
- Alexandra David-Néel (1868-1969), Française, a été la première femme européenne à pénétrer au Tibet, en 1924. À l'âge de 100 ans, elle renouvela encore son passeport !
Ses carnets de voyage : Voyage d'une Parisienne à Lhassa, Alexandra David-Néel, Pocket, 2008, Au cœur des Himalayas : le Népal, Alexandra David-Néel, Payot, 2004, Dieux et démons des solitudes tibétaines, Alexandra David-Néel, & Albert Yongden, Plon, 2004
Ton dernier livre « Elles ont conquis le monde en solo » rencontre un beau succès. Penses-tu que le voyage en solo soit tendance ? Pourquoi ?
Oui, le voyage en solo au féminin est assurément dans l’air du temps, et ce, depuis au moins les 10 (voire 15) dernières années.
Je pense que les voyageuses ont cessé davantage d’attendre de trouver le ou la partenaire idéal(e) avec qui ils partagent les mêmes intérêts, ou encore que le moment parfait se manifeste.
Parmi les 10 récits, quel voyage t’a le plus impressionné ? Pourquoi ?
Mis à part mon récit personnel en Inde, auprès des jeunes tibétaines, les 9 autres récits m’ont tous autant touché. Toutes les auteures ont une magnifique plume, mais au style propre à chacune.
Non seulement ces voyages en solo ont changé nos vies en quelque sorte, l’écriture de nos périples a aussi permis de boucler certains chapitres.
Drôlement, nous sommes presque toutes parties pour ce grand voyage en solo en période de vulnérabilité, suite à un deuil, une dépression, une déception professionnelle, etc.. Mais ces périples nous ont permis en quelque sorte de panser certaines plaies et d’en ressortir transformées.
Vois-tu une différence de comportement en voyage entre les femmes nord-américaine et les autres nationalités ?
Je ne suis pas certaine de savoir comment répondre de façon diplomatique à cette question 😉
Ça dépend d’une foule d’éléments culturels et environnementaux. Je crois que nos comportements dans la vie quotidienne se reflètent aussi en voyage. Et qu’au final, nous voyageons toutes – en solo ou non – de façon qui nous soit propre à chacune.
Quel sera ton prochain voyage en solo ?
Lorsqu’il sera possible de voyager à nouveau, suivant la crise sanitaire que nous vivons actuellement, j’aimerais aller randonner en Slovénie : pays qui me fait de l’œil depuis quelques années.
J’aimerais aussi aller plonger à Raja Ampat, en Indonésie, un paradis entre autres pour ses fonds marins (j’ai aussi adoré plonger à Palaos en Micronésie).
Ultimement, l’un de mes plus grands rêves de vie est de faire le tour du monde en voilier pendant au moins 5 ans (projet que les conséquences de la pandémie ont repoussé bien loin).
Note : Merci à Ariane d'avoir répondu à mes questions. Toutes les photos lui appartiennent.
Magnifique article sur Ariane cette exceptionnelle voyageuse. Merci pour tous les renseignements. Je vais acquérir ses ouvrages pour voyager virtuellement. Amicalement René
Je trouve aussi son énergie et son parcours assez exceptionnel !
J’ai très envie de lire ce livre maintenant!
Merci pour le partage, le livre a l’air très intéressant. Voyager en solo quand on est une femme est effectivement devenu assez courant ces derniers temps.