Peux-tu te présenter ? Je m’appelle Laura, j’ai 20 ans. Après deux ans en classes préparatoires, filière littéraire, j’ai décidé de partir en Erasmus pour ma dernière année de licence. J’ai toujours aimé voyager. Grâce à ma famille j’ai eu l’occasion de voir les pays voisins comme l’Italie (Venise, Turin), l’Allemagne, la Suisse, l’Espagne (toute l’Andalousie et Madrid), l’Angleterre (Londres, Liverpool, Brighton, Porthmouth), la Belgique, mais aussi la Martinique, New York et le Congo Brazzaville… Une énumération à laquelle est venue s’ajouter, pour mon plus grand plaisir, la Finlande !
Dans quel pays es-tu allée pour tes études ou ton stage étudiant ? Pour quelle durée ? J’ai choisi la Finlande. Oui, oui, ce pays dont on connaît que les Moomins, Angry Birds et le Père Noël ! haha. Je voulais me tourner vers ce que je ne connaissais pas, et la Finlande m’avait déjà intéressée auparavant. Quand j’ai vu que mon université le proposait, le choix était fait. Aujourd’hui, je suis actuellement à l’université de Tampere pour un semestre, mais je compte prolonger mon séjour pour l’année. Un semestre, c’est bien trop court !
Erasmus ou non ? Erasmus, oui.
Pour quelles études ? Des études de lettres modernes – comme quoi, ce n’est pas réservé aux LEA ! J’y fait ma dernière année de Licence avant de faire un master professionnel. Si le choix d’un séjour erasmus paraît atypique pour une lettre moderne, cela allait de pairs avec mon désir de travailler à l’étranger plus tard, peut-être à l’échelle internationale. En outre, le master que j’envisage demande un bon niveau d’anglais.
Maîtrisais-tu déjà la langue du pays ? Pas du tout. En fait, je me suis tournée vers ce pays car il était principalement anglophone, non pour le finnois. En effet, les habitants parlent tous un anglais correct, excepté les personnes âgées. Je considérais cela comme un avantage de bénéficier à la fois d’un apport linguistique (ici, même les films aux cinémas sont en V.O) et d’une culture différente et méconnue. C’est finalement en m’inscrivant à la fac de ma ville d’accueil que j’ai pris des cours de finnois pour débutants, je pense que c’est la moindre des choses d’apprendre la langue du pays.
Quelles difficultés as-tu rencontrées ? La première difficulté résultait du fait que je sortais de prépa. Dans certaines prépas, il y a des professeurs référents qui permettent aux élèves de déposer leurs dossiers pour un séjour erasmus, mais ce n’était pas mon cas. J’ai donc dû faire des allers-retours entre la fac et la prépa pour m’occuper de mon dossier entièrement seule. J’insiste sur ce point car je pense cela nécessite une grande motivation : les horaires de réunions erasmus m’ont valu de rater quelques cours en prépa, par exemple, il faut aussi trouver le temps pour courir chercher les signatures des coordinateurs chargés de vous dire si oui ou non les cours que vous avez choisis sont bons, de remplir le dossier avec tous les papiers d’assurance, équivalences scolaires, mutuelles…Etc. Bref, beaucoup d’étudiants se laissent abattre par la paperasse, ce qui est bien dommage.
Ensuite, c’est en arrivant dans mon université que j’ai rencontré une autre difficulté : le choix des cours. Certains cours français ayant été adressés à des finlandais, ils sont simplifiés et il m’a fallu choisir des cours en master pour avoir le nombre d’ects adéquat. C’est assez courant en erasmus, il faut s’attendre à tout et être assez malléable, mais surtout aller à la rencontre des professeurs, envoyer des mails…Etc.
Es-tu satisfaite de la qualité des cours ou du stage ? Très ! J’ai d’abord eu droit à une semaine d’orientation où j’ai pu découvrir le fonctionnement et l’esprit de l’université de Tampere : pour faire simple, je crois que l’année qui s’annonce ici aura le même sérieux et la même quantité de travail que j’ai pu avoir en prépa, ou presque. L’éducation en Finlande a bonne réputation, ce n’est pas pour rien : leurs dispositifs et leurs cours sont basés sur du travail personnel et des mesures qui forcent l’étudiant à s’impliquer. Il y a même un concours de sélection pour intégrer l’université (pour les finlandais) et certains cours (pour les étudiants erasmus) à cause du niveau assez élevé des cours dispensés. Je crois que leur système s’attache vraiment sur le mérite et la motivation d’une manière à la fois légère, (des professeurs très ouverts et très familiers avec les élèves) et stricte (on peut être exclu d’un cours au bout de 3-4 absences parfois). C’est une ambivalence qui est bien équilibrée, même si aux premiers abords certaines choses peuvent paraître excessives. Je n’ai pas de mots pour décrire concrètement cet esprit, mais il y a une certaine éloge du sérieux et de la bonne conduite. Enfin, je crois que le plus intéressant est la considération apporté à l’étudiant par l’Etat finlandais : j’ai accès à un médecin, un dentiste, et un service infirmier gratuitement, je bénéficie souvent de tarifs étudiants réduits de moitié, et bons nombres d’associations favorisent l’apport culturel par des sorties, des voyages, accès aux salles de gym…Etc.
Comment as-tu financé ce séjour ? Pour l’instant, cela fait moins d’un mois que je vis ici mais je vis principalement sur mes économies. Je pense qu’il est important de ne pas compter sur la bourse quand on part. Il faut avoir fait des économies car la bourse, pour des raisons administratives, est souvent versée durant courant octobre, et ce genre de choses.
Quel type de logement as-tu trouvé ? J’ai trouvé une chambre universitaire grâce un dispositif de logement finlandais, appelé TOAS. Ce dispositif garantit des logements corrects à prix abordables, avec pas mal de servics (sauna, salle de gym). Toutefois, l’adhésion à ce genre de dispositif se joue au « premier arrivé, premier servi » : j’ai été très chanceuse, avec ma colocataire, nous avons une chambre spacieuse avec salle de bains et notre résidence est située en plein centre ville, à 5min de la gare et 10min de l’université. Ce n’est pas le cas pour tout le monde, malheureusement.
Qu’est-ce que ça t’a apporté ? On en reparle dans quelques mois ? haha. Plus sérieusement, je dirais pour l’instant que c’est la notion d’autonomie qui est le plus flagrant. Tout faire soi-même, et ce sur tous les plans (factures, études, projets touristiques), ça fait grandir plus vite. Le contact avec d’autres cultures est évidemment l’un des aspects les plus intéressants : j’ai un groupe d’amies qui comporte une bulgare, une espagnole, une allemande, deux tchèques, ce qui a le mérite de donner des discussions intéressantes et des repas variés !
Aussi, je trouve l’esprit finlandais très sain : tous les étudiants finlandais que j’ai rencontré font du sport ou plus ou moins, c’est quelque chose du quotidien, la nourriture aussi est saine et en général, le sérieux des étudiants est une très bonne influence. Pour faire court, on a envie d’être « comme eux ». Il y a un vrai bien être ambiant que je n’ai jamais ressenti nulle part ailleurs.
Gardes-tu des amis internationaux rencontrés pendant cette expérience ? Je pense que j’en garderais mais pour l’instant, je ne peux encore rien dire. Tout se fait maintenant !
Recommanderais-tu de tenter cette expérience ? Pourquoi ? Quels conseils ? Mon expérience ne fait que commencer, mais pour tout ce que cela implique et apporte, je dirais vraiment que ça vaut le coup: ne serait-ce que pour se connaître soi-même ! C’est pour cela que je souhaite prolonger mon séjour, un semestre est trop court pour voir tout ce que cette expérience à offrir ! Je recommanderais cette expérience pour ceux qui sont vraiment motivés : voilà deux semaines que je suis ici, et j’ai remarqué qu’il y a malheureusement beaucoup d’étudiants qui se laissent aller à la facilité du « compatriotes » : on parle avec un français le premier jour, puis le deuxième et très vite on se retrouve avec un groupe d’amis français pour ne parler anglais qu’à l’accueil de l’université. Pour moi, erasmus est le moyen de découvrir d’autres nationalités, plus une culture différente, ce qui comporte pas mal de petits « chocs culturels ». Le tempérament calme et un peu distant des finlandais m’avait décontenancé les premiers jours, mais il m’a fallu deux trois jours pour comprendre qu’ils étaient souvent très timides et très « honnêtes » dans leur rapport aux autres. Ils sont d’une simplicité qui diffère fortement des innombrables manières françaises (bonjour, comment ça va, au revoir, merci, s’il te plait : certains de ces mots n’existent pas dans le finnois). Au final, cela s’apprend, et on gagne beaucoup à oser et persister
Enfin, Je pense qu’il faut oser, surtout les premiers jours, aller vers les autres, quand bien même on a un accent à couper au couteau ! Je me rappelle avoir demandé à m’asseoir à une table d’italiennes, parlant entre elles, et elles m’ont accueillies à bras ouverts ! Il ne faut donc pas avoir peur de « connaître », les gens sont là pour ça.
Est-ce ça t’a donné envie de voyager, ou de t’expatrier ? Où ? Bien sûr. Je partage l’idée de la Renaissance où il était normal pour un étudiant de revenir dans son pays une dizaine d’années après avoir parcouru tous les pays européens voisins au cours de ses études. Pour moi, je trouve qu’on apprend énormément grâce aux voyages, que cette expérience constitue une sorte de savoir en lui-même. Enfin, c’est une vision très personnelle, mais c’est un peu mon objectif : travailler çà et là dans des quotidiens totalement différents. Je pense que le fait d’avoir voyagé dans différents pays avant me familiarise aussi avec le fait d’avoir une fenêtre ouverte sur le monde. Donc, oui, erasmus s’inscrit pour moi dans une liste de futurs voyages. Je prévois d’ailleurs de faire mes stages d’été à l’étranger, si tout se passe bien. Et même si j’essaie de ne pas trop planifier mon avenir, je me verrais bien travailler à l’étranger… et pourquoi pas en Finlande ?
Peut-on lire ton parcours sur un blog ? Bien sûr ! Je vous conseille tout simplement mon blog voyage : demainestincolore.blogspot.com Merci pour cette interview en tout cas, je suis heureuse d’apporter ma pierre à l’édifice.
Vous avez fait vos études ou un stage à l’étranger, et vous êtes d’accord pour répondre à ces mêmes questions, laissez-moi un commentaire pour que je vous contacte ou envoyez-moi les réponses au questionnaire à mon adresse sylvie@lecoindesvoyageurs.fr
Hey Sylvie !
C’est fou, je relis cette interview et elle me donne encore la force d’affrnoter le prochain semestre en Finlande, haha. Quelques nouvelles : j’ai pu prolonger mon séjour comme je le désirais et le premier semestre a été tout simplement magique ! Pour ceux qui hésiteraient encore, erasmus n’a pas de prix !
Hello Laura, Je lis régulièrement la suite de tes aventures finlandaises avec plaisir ! Une belle expérience ! Bonne fin d’année.