Le bonheur là-haut sur la montagne !

Clara et Björn vivent perchés là-haut sur le massif de la Vanoise, isolés du monde, loin des villes où ils sont nés et loin de tous voisins. Ils vivent au refuge Entre Deux Eaux où ils accueillent les randonneurs, les voyageurs de passage.

(J'adore ces montagnes où j'ai encore le souvenir d'une randonnée insolite pieds nus dans le Parc national de la Vanoise.)

Mais comment sont-ils devenus gardien de refuge ? Je les ai interviewé pour mieux comprendre leur parcours qui est vraiment insolite ! 

Le parcours insolite de Clara et Björn, gardiens de refuge en Vanoise

Pouvez-vous vous présenter ?

Clara : j’ai 27 ans, j’ai grandi à Paris. Commencé des études de droit franco-allemand en Allemagne – puis travaillé dans la restauration et en tant qu’ouvrier agricole. J’enchaine les petits boulots. Jusqu’à l’ouverture d’une auberge de voyageurs. C’est à sa fermeture que je deviens gardienne de refuge.
Björn : j’ai 34 ans, je suis né en Allemagne. Après des études de graphisme, je travaille dans la publicité jusqu’à ce que je n’y trouve plus de sens. Je me lance dans une aventure avec Clara qui s’appelle “Chicag’ Hostel”, une auberge de voyageur dans le centre ville de Toulon – où parallèlement je me consacre de plus en plus à la musique. Aujourd’hui, je suis gardien de refuge et pianiste. 

Clara, Björn et les enfants

Clara, Björn et les enfants

Où vous êtes-vous rencontrés ?

Clara : Björn et moi nous sommes rencontrés dans mon café préféré à Sarrebruck. Il habitait juste au dessus. 
Björn : Après, c’est une histoire longue et turbulente 🙂

Où et combien de temps avez-vous vécu hors de France ? 

Clara : J’ai habité en Allemagne 3 ans et demi – à Sarrebruck et Berlin.
Björn : J’ai grandi en allemagne et après j’ai vécu dans plusieurs pays, entre autre :  en Espagne (Tarifa), Israel (Tel Aviv), Japon (Tokyo) et bien sûr en France.

Pourquoi êtes-vous venus vous installer en France ?

Clara : Après 2 ans à Sarrebruck, je décide avec Björn d’aller vivre dans le sud. On visite plusieurs villes (Marseille, Avignon, Montpellier… ) avant d’élire domicile à Toulon. On y boit un café et quelque chose se passe. On s’y sent bien.
Quelque semaines après notre installation, on décide d’ouvrir une auberge de voyageurs. Cela manquait cruellement à Toulon. 
Björn : Le centre ancien ressemblait plus à un champ de bataille qu’à un centre ville. On s’est dit qu’il fallait faire quelque chose.

Vous avez créé une auberge de voyageurs à Toulon. Que vous a apporté cette expérience ? 

Clara : Je dis souvent que cette expérience, c’est comme avoir fait des études de gestion/compta/management/ressources humaines/service social. J’ai appris énormément en somme. Le “Chicag’ Hostel”, c’était avant tout un projet social. Un lieu culturel et une auberge. On y a organisé des concerts, jam sessions, expos, conférences, etc).
Et je pense que j’y ai découvert ma vocation. L’hébergement et les métiers de bouche. J’aime recevoir, faire la cuisine, découvrir des bonnes bouteilles. J’aime également partir à la rencontre de petits producteurs, vignerons et artisans. Après Toulon, je me suis mise en tête de devenir gardienne de refuge. Là-haut, j’ai la chance d’y exercer toutes mes passions.

Maintenant vous vivez à 2200 mètres d'altitude dans le Massif de la Vanoise. Comment êtes vous arrivés là ?

Clara : Nous rencontrons Marie-Thérèse Burdin par la hasard de la vie. Elle exploite le refuge de son père et de son grand père depuis plus de 40 ans. A à peine 12 ans, elle se lève à quatre heures du matin pour aller traire les vaches afin de proposer du lait frais au petit déjeuner des randonneurs. 

Björn :  Elle entend parler de l’histoire de notre auberge et décide de nous contacter – c’est ainsi qu’elle nous transmet le flambeau en 2016.

Quelle est l’histoire de ce refuge ?

Clara : Le refuge Entre Deux Eaux existe depuis plus d’un siècle. Au début du 20ème, c’était un chalet qui hébergeait des familles aristocratiques. Puis il s’est transformé en refuge pour les randonneurs de passage. La famille Burdin était propriétaire de nombreux alpages dans le massif de la Vanoise et prendre soin des vaches était la deuxième activité de la famille. 

Quel a été l’accueil des montagnards ?

Clara : Nous avons été très bien accueillis. Nous avons fait beaucoup de rencontres sympathiques. Un lieu isolé comme notre refuge est très vite convivial pour celui qui s’y arrête. Que ce soit pour se réchauffer au coin du poêle, s’y restaurer ou bien se rafraîchir à la fontaine. Se sont des plaisirs simples retrouvés ; loin de la civilisation, l’absence de réseau facilite les rencontres et l’échange.

A quelles difficultés avez-vous été confrontés ? 

Clara : Au début, il a fallu bien organiser les approvisionnements. Impossible de se faire livrer là-haut. Alors prévoir suffisamment pour la semaine, avec tous les imprévus climatiques, c’est pas évident au début. Nous avons la chance d’avoir un accès en voiture jusqu’au refuge. Accès réservé aux vachers et gardiens de refuge. La gardienne voisine (à 2h à pied) alterne entre des approvisionnements par héliportage et par traction animale.
Björn : J’ajouterai que la cuisson des aliments est différente en altitude, par exemple celle du riz. La levure réagit également différemment pour le pain et les gâteaux. On a eu quelque ratés avant de pouvoir bien maîtriser en cuisine.

Le parcours insolite de Clara et Björn, gardiens de refuge en Vanoise

Qui sont vos visiteurs-clients ?

Björn : Nous sommes un refuge assez facile d’accès. A 1h30 à pied du parking le plus proche, Entre Deux Eaux attire autant les amateurs que les débutants de la haute montagne. Et cela permet à de nombreuses familles de nous rendre visite.

Quels sont les atouts du refuge Entre Deux Eaux ?

Björn : Notre petit potager qui nous fournit en salade toute la saison. L’accès voiture, qui nous permet de faire le marché chaque semaine pour avoir des produits frais. Le piano et autres instruments de musique à disposition. Et bien sûr le paysage à couper le souffle 🙂

Le refuge Entre Deux Eaux

Le refuge Entre Deux Eaux

Quels sont les avantages et les inconvénients de la vie en montagne ?

Clara : L’isolement peut être un avantage comme un inconvénient. Parfois, on a l’impression d’être sur un navire. Notre lieu de vie est très réduit. 
Cet isolement au coeur d’un paradis sauvage et indomptable, c’est aussi l’occasion de se ressourcer et de se recentrer sur l’essentiel. 

Björn : Nous vivons les spectacles de la nature les plus fous entre tempête de neige en plein mois de juillet (ne vous inquiétez pas, c’est très rare) et les ciel étoilés incroyables. 
Et honnêtement, c’est un bonheur de pouvoir cuisiner autour de produits d’une telle qualité. C’est dingue de se dire que les vaches qui broutent devant la porte sont à l’origine de la délicieuse tomme que nous servons aux repas.

Qu’est-ce qui vous manque parfois de vos anciennes vies ?

Björn : Rien.
Clara : l’odeur du métro de Paris.

Les photos sont si belles. C’est là le bonheur ?

Björn : Oui, et c’est encore plus beau en vrai !

Retrouvez le refuge Entre Deux Eaux sur leur page Facebook

Le parcours insolite de Clara et Björn, gardiens de refuge en Vanoise

Cet article a 3 commentaires

  1. Françoise et Marcel

    Nous y avons séjourné à 4 avec un couple d’amis, du 12 au 13 juillet 2016. Arrivés sous la pluie, le ciel s’est soudainement dégagé en soirée, dans une chaleureuse ambiance musicale au cours du dîner. A l’accordéon, Björn bien sûr, et aux chants, une belle partie de l’assistance (des randonneurs comme nous, dont une famille de Danois qui étaient aux anges !) avec sa charmante Clara en tête accompagnée par des membres de sa famille… Une superbe soirée et quel beau souvenir du Refuge d’Entre-Deux-Eaux ! Pour clore en beauté notre passage dans ce lieu enchanteur, Grand Soleil à notre réveil le lendemain… Mais le soir même au refuge de l’Arpont et la nuit qui a suivi, « tempête » de neige ! Encore Grand Merci à Clara et Björn (et à leur petit dont le prénom m’a échappé) pour cette excellente étape sur notre Tour des Glaciers de la Vanoise en 6 jours – 5 nuits. Françoise et Marcel PORTERET le 14 octobre 2018

    1. Sylvie

      Merci pour votre témoignage.

  2. maldives

    c’est ce que je cherche pour mes vacances, super article, merci

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