Photo Eric Brossier
Éric Brossier et France Pinczon du Sel sont des aventuriers des temps modernes ! Ils vivent sur un bateau, pris dans les glaces 9 mois sur 12, dans le Grand Nord Canadien à 800 km du Pôle Nord avec leurs filles de 5 et 3 ans.
Le bateau, baptisé Vagabond, est leur maison mais aussi leur outil de travail, un camp de base itinérant au service des scientifiques qui étudient la banquise et les conséquences du réchauffement climatique. Éric est ingénieur, spécialiste en génie océanique.
France 5 leur a consacré un reportage exceptionnel : Sur le grand océan blanc, un film d’Hugues de Rosière.
Éric Brossier et France Pinczon du Sel ont accepté de répondre à mes questions.
Vous habitez au bout du monde sur l’océan blanc dans un environnement extrêmement rigoureux. C’est fascinant et angoissant pour nous qui habitons en France. Qu’est-ce qui vous motive ?
Bien sûr ce n’est pas le froid qui nous motive. D’abord, il y a la science. En apportant notre contribution nous nous rendons utiles, tout en vivant dans un environnement qui ne cesse de nous fasciner. Les expéditions de Vagabond aident à faire avancer l’exploration par le temps passé dans l’Arctique. L’exploration vaut pour nous dans la durée, qui permet lentement de tutoyer un environnement particulier, de vivre en harmonie avec lui. Le temps permet d’affiner l’observation et la vigilance, aguerri le corps et l’esprit aux rigueurs du climat, rend familier ce qui était hostile. Et puis, il y a les Inuit, une culture forte et riche dont nous avons tant à apprendre.
Vous reconnaissez-vous dans le terme Aventuriers ?
Ce terme n’est pas approprié à notre cas. Nous ne vivons pas une Aventure, nous avons plutôt construit un mode de vie qui nous convient. Sans doute notre domaine est il plus maintenant celui de l’exploration scientifique. En mettant Vagabond ainsi que nos compétences à disposition de programmes scientifiques pour de longues périodes dans l’Arctique, jusqu’à 5 hivernages consécutifs sur un même site, Vagabond permet d’acquérir mesures et données sur de longues périodes, notion précieuse dans les domaines de la recherche scientifique.
Photo Eric Brossier
Vos filles vont grandir. Cette vie de famille est-elle envisageable pour les 15 années à venir ?
Nous avons deux filles, Léonie, 5 ans et Aurore, deux ans. Concilier des expéditions scientifiques en navigation avec la famille est exigeant mais faisable, avec une bonne organisation. Une fois la banquise consolidée autour de Vagabond pour l’hiver, la vie est beaucoup plus simple, nous avons tout notre temps pour vivre à la fois des moment uniques, riches et intenses en famille, et assumer notre rôle auprès des scientifiques et de certains publics en tant que témoins en direct de l’Arctique. Avec une vraie satisfaction, celle de transmettre à nos enfants la soif de découvrir, de s’adapter, de vivre pleinement l’instant. Par contre, ce sont elles, certainement, qui donneront une limite à notre mode de vie. Il ne vaut en effet que si chacun y trouve son équilibre et sy épanouit. Être parent est une aventure en soi, et nos choix de rester 2, 3, 10 ans dans l’Arctique, ou de faire une pause plus ou moins longue en France dépendront de leur devenir. Nous faisons de notre mieux pour être à l’écoute de nos enfants.
Photo France Pinczon du Sel
Les avantages de votre vie sur le Vagabond /les inconvénients
Dans l’Arctique, à bord de Vagabond, nous avons le privilège de pouvoir donner du temps au temps, l’impression de gagner un supplément de vie… faire les chose jusqu’au bout, prendre du recul et de l’altitude dans la tête, vivre sans agenda ! Une fois là haut, au lieu d’être frustré comme parfois en France de n’avoir pas assez de temps avec familles et amis, tout happés par le travail que nous sommes, nous avons à loisir le temps de penser à chacun. L’absence n’est alors plus un manque. En famille, nous tissons des moments précieux et uniques qui construisent notre histoire. Notre rythme est dicté par notre environnement et sa météo, où l’on se passe du superflu dont nous gave volontiers la société de consommation. L’imagination prend sa place… Le seul inconvénient est celui de la distance qui nous sépare de ceux qu’on aime, et au niveau confort, les petits sacrifices inhérents à notre mode de vie sont peu de chose en regard de ce qu’il nous apporte.
Quelle langue parlez-vous avec les inuits ?
Nous parlons l’anglais. Pratiquement tout les inuit de Grise Fiord le parlent, sauf certains anciens. Les adultes conversent volontiers en inuktitut entre eux, les adolescents et les enfants échangent en anglais. Léonie apprend à l’école l’inuktitut et nous en connaissons quelques mots.
Photo Eric Brossier
Quest-ce qui vous manque de la France ?
La famille et les amis, en priorité. Mais aussi parfois, un bon déjeuner dehors, au soleil et en tee shirt…
Votre regard sur la France et les français ?
Nous nous sentons bien français malgré près 12 années passées dans l’Arctique. Et vu d’ici, il n’est pas difficile de relativiser quand aux petit travers du tempérament français ainsi qu’à ses romans politiques…
Nous avons la chance d’être citoyens d’un pays magnifique dont la culture sous bien des angles est d’une grande richesse. Cela représente pour nous un socle solide afin d’appréhender la différence, d’apprécier les contrées et les gens que nous croisons. Les français – parlons aussi des bretons, forment un peuple dont la curiosité pousse à prendre des initiatives, à découvrir et à voyager… Par procuration ou en se réalisant, malgré un carcan administratif parfois lourd. Un inconvénient qui n’a rien à envier à d’autres modes de fonctionnement laissant des peuples dans une insécurité bien plus alarmante.
Photo Eric Brossier
Suivez leurs aventures sur vagabond.fr
Whaou, génial, je ne suis pas sûre de pouvoir en faire autant mais j’avoue que je suis fascinée … belle interview , bises !
Fascinant !! Je suis tellement admirative face à cette famille qui vit sous un climat complètement inconcevable pour moi ! J’ai vu une bonne partie du reportage, et cela a été un vrai bonheur de découvrir cette petite puce si bien intégrée, cette maman si combative et pleine de ressources (pour moi, française au besoin immense de confort ^^) et ce papa si téméraire..Merci de nous avoir fait partager votre quotidien qui me semble si extraordinaire !!
Merci de nous faire partager cette immersion complète dans un milieu qui pour nous paraît hostile ou tout au moins difficile à supporter ! Grande admiration pour leur expérience humaine mais aussi scientifique ! Si j’ai tout compris les petites vont à l’école avec les inuits : génial ! Merci du partage. Belle journée bises
Quelle experience ! Je crois que j’aurais quand même un peu de mal ….
Passionnant et impressionnant!!
Félicitations à cette famille! 🙂
Fascinant et intéressant. Cette expérience doit être enrichissante, mais j’avoue que je n’aurais pas l’audace de la faire. Ce qui ne m’empêche pas de m’intéresser, grâce à toi, à cette incroyable aventure.
Très belle interview.
Merci !
Wow, quelle expérience. J’en reste bouche bée. Bravo pour ce rythme de vie et merci de nous le faire partager
magnifique interview Sylvie …
fascinant! c,est vrai que votre temps passé en famille est tellement intense! bravo pour votre détermination et merci pour ce que vous apportez à la science au bénéfice de tous!
Fascinante famille!
Les poles me fascinent mais passer autant d’hivernages… Je ne sais pas. Mai il parait que la banquise, c’est comme le désert, une fois que tu y as goûté, tu ne l’oublies plus!
Quel magnifique témoignage et qu’elle belle philosophie de vie. Je suis réellement admirative
Merci 🙂 ! Moi aussi, leur choix de vie m’a fasciné ! Bises
Eric et France ne peuvent pas accéder à mon blog depuis chez eux, mais je leur ai transmis par e-mail copie de ces commentaires admiratifs (auxquels je me joins) !
Une vie choisie, assumée et heureuse ! Quel bonheur ! Bises
Le quotidien ne doit pas être tous les jours facile mais quelle belle vie !
Une vie passionnante, utile pour la science (donc pour nous tous).. comme toi, je dis Bravo !
Merci !
Ce n’est pas une vie qui peut convenir à tous, c’est certain. Je ne crois pas non plus que je m’y habituerais ! Mais c’est leur vie et elle est passionnante !
Merci de partager mon enthousiasme pour leur aventure !
Merci Isabelle de m’avoir fait connaître la vie hors norme de cette famille et de m’avoir facilité la prise de contact avec Eric et France.
Merci pour ton enthousiasme Julia, toi qui a aussi choisi de vivre au Canada 🙂 !
On l’appelle bien, le désert blanc ! Il paraît qu’on peut être envouté…
Tu as raison de souligner qu’au delà de la vie passionnante qu’ils ont choisie, leur philosophie de vie est très intéressante aussi.
Tout à fait d’accord !
J’envie leur éloignement « hors du temps » qui laisse enfin du temps pour les choses importantes.
Oh waw quelle découverte merci pour ce partage cette famille est si attachante !!! J’ai adoré le reportage !! Bises
C’est certainement un choix intéressant et utile pour la science, mais je ne suis pas sûre que ce soit également bien pour les enfants. Imposé une vie si particulière aux enfants me semble une démarche égoïste et limite irresponsable !