Jeune trentenaire expatriée en Inde pour 3 ans, Soma habite à New Dehli depuis 20 mois.

Pourquoi l’Inde ? Mon mari a postulé pour plusieurs pays d’Asie… Et ce fut l’Inde… Difficile de dire pourquoi l’Inde… Pourquoi pas ? Pour moi, ce fut un véritable saut dans le vide ; ce pays dont je ne savais rien, dont j’ignorais tout ! Et bien, quel saut !

 

Quels ont été tes principaux chocs quand tu es arrivée à New Delhi ? Je suis arrivée à New Delhi enceinte de 6 mois. Dès la sortie de l’aéroport, je me suis demandée où j’avais atterri tant la circulation était folle. Il a fallu ensuite comprendre les codes de la vie quotidienne : le personnel de maison, les ouvriers qui défilent en permanence pour toutes les petites réparations, installations, etc. Leur fonctionnement, leur caste.. il y a un côté « la loi du plus fort » ici, c’est presque effrayant !

 

Et ensuite tes galères du quotidien ? Comme je le disais plus haut, il faut apprendre à s’organiser et trouver un rythme dans cette vie quotidienne toujours pleine de surprises. En vrac : Nous avons vécu 2-3 semaines sans gaz (il manquait un papier qu’on devait recevoir et qu’on n’a jamais reçu : après une gueulante, les 2 bonbonnes de gaz nous ont été livrées), je passe sur les milliards d’aller et venu du plombier, de l’électricien, du gars pour le filtre à eau, du gars pour l’inverter, etc :  l’appartement était un véritable moulin. Panne d’électricité, Panne d’eau… Chute du chauffe eau dans une salle de bain. Écureuil mort dans la clim. Punaises de lit. Livraison de meubles à 22h (parfois en rickshaw). Lave-linge en panne. Chercher un autre appart, parce que le loyer monte ou que le proprio vend. (On ne reste que quelques années et il est parfois difficile d’habiter au même endroit durant notre séjour).

Tu fais du bénévolat. Peux-tu nous en parler ? Il y a beaucoup d’ONG installées à Delhi et en cherchant un peu, je crois qu’il est possible de trouver une action à laquelle on adhère. Mon action à moi s’appelle Motia Khan. Elle n’a aucun statut, mais une équipe de 4-5 femmes se rend tous les matins pour 1h environ dans un bâtiment prêté par la municipalité où vivent des familles d’intouchables. Nous apportons du lait et des bouillies pour les enfants et pratiquons quelques soins élémentaires. Quand il est parfois nécessaire, nous aidons à l’hospitalisation de certaines personnes…. comme un jeune adulte dernièrement qui s’était immolé par le feu suite à une querelle d’argent avec sa mère. Motia Khan est le nom du quartier où nous agissons. Une autre ONG (indienne) les aide en fournissant des repas, en essayant de scolariser les enfants. Mais tout cela est très complexe. En retour, nous avons le sourire des enfants et le sentiment d’aider un peu, même s’il est difficile de définir les bénéfices à long terme.

Y-a-t-il une grande communauté francophone ? Quelle langue pratiques-tu au quotidien ? Je ne peux pas donner de chiffres car je ne les connais pas, mais il y a beaucoup de francophones à Delhi. Delhi-accueil, association francophone aide à l’installation dans la capitale indienne, à établir un réseau, des amitiés. Je parle français essentiellement car c’est la communauté que je fréquente le plus. Sinon pour le reste, c’est l’anglais, langue que je ne maitrise pas forcément, mais avec laquelle j’arrive à me débrouiller dans la vie quotidienne. Certains s’essaient à l’hindi, mais je ne connais que quelques mots.

Tu as eu un bébé en Inde. Comment s’est passé le suivi de ta grossesse et la naissance ?Je suis arrivée à 6 mois de grossesse en Inde pas forcément rassurée malgré les différents témoignages lus sur internet. J’ai visité la clinique où j’allais accoucher et rencontré ma gynéco. Je ne comprenais pas l’intérêt des consultations de suivi puisque les indiens « ne touchent pas ». Donc j’allais à mes rendez-vous pour ma prise de tension, ma prise de poids et un Doppler pour écouter les battements de cœur de ma puce. 
Le jour de l’accouchement, cela a été difficile, en raison d’un ralentissement de la fréquence cardiaque de ma fille, j’ai été emmenée en urgence au bloc opératoire pour une césarienne. Mais une fois là-bas, tout étant redevenu normal, ma gynéco a insisté pour que j’accouche par voie basse. J’étais épuisée par le travail et la douleur, car je n’avais pas eu de péridurale (trop tard parait-il). Mais elle n’a pas lâché et ma fille est née. Rien que pour ça, je remercie ma gynéco.
Depuis j’encourage les femmes à accoucher ici… Cela me semble trop difficile d’être séparée du père lors de cet évènement.

Fais-nous rêver en nous racontant tes destinations de week-end et de vacances en Asie, tes coups de cœur. Lors de notre 1ère année, avec la grossesse et notre petit nourrisson, nous avons très peu voyagé : la Thaïlande et un week-end à 2h de Delhi. La Thaïlande, c’est tout simplement magique ! Les plages de Phuket, la gentillesse et la douceur des thaïlandais, la ville si magique de Bangkok  :  j’ai adoré !
Lors de notre 2è année (en cours), nous avons voulu profiter de notre expatriation pour visiter l’Inde. Se sont défilés : Rishikesh (dans le nord de l’Inde au pied de l’Himalaya), Kochi dans le sud au Kerala, Mumbai (la capitale du cinéma bollywoodien), Pondichery et Chennai dans le sud-est et dernièrement le Rajasthan (Jodhpur, Udaipur, Bundi, Jaipur)… J’entends souvent les expatriés revenir de leur voyage ou week-end indien un peu déçu, parce que c’est pauvre, parce que c’est sale, parce que les indiens sont particuliers. S’ils me rendent folle régulièrement, j’adore visiter ce pays à des années-lumières de notre culture et de ce qu’on peut connaître. Ayant des origines asiatiques, on pourrait penser que je serai sensibilisée, mais non !

Qu’est-ce qui te manque de ta vie française ? Ma famille et mes amis avant tout. Mais heureusement qu’il y a internet (les mails, les blogs, msn, skype….). Au niveau alimentaire, il est certain que ce n’est pas tout à fait la même chose. J’aimerai pouvoir m’installer à une jolie terrasse d’un café, regarder les gens passer…. En vivant à l’étranger, surtout dans un pays comme l’Inde, on réalise que notre vie en France (voire à Paris) est quand même plus aisée & plus simple. Après tous ces voyages « indiens », je dois avouer qu’il me tarde de rentrer en France cet été pour profiter du sud et de la Bretagne.

Quels sont les points positifs de ta vie en Inde ? Je vis une expérience extraordinaire même si le quotidien n’est pas tous les jours évident. Je découvre une culture tellement différente de la notre, c’est enrichissant. Nous avons un train de vie bien au dessus de celui que nous avions à Paris : logement spacieux, personnel de maison, voiture avec chauffeur, restaurant, voyage. J’ai un rythme de vie différent, je profite de ma fille tout en ayant la possibilité de faire des activités (je fais de la danse bollywood, j’ai appris le Mahjong, je prends des cours d’anglais….)
L’Inde m’aura sans doute changée un peu.

Retrouvez Soma sur son blog   mavieencouleurs.over-blog.com

Cet article a 19 commentaires

  1. Lucie

    Effectivement s’expatrier en Inde doit nous faire changer un peu, voire beaucoup! C’est tellement différent, mais c’est ça qui est intéressant en même temps! Je vais aller lire ce blog de ce pas! Merci pour la découverte!

  2. Elisa

    C´est vrai, cela doit être un double effort pour s´adapter!
    Bon w-e!

  3. anita

    Quel dépaysement, je comprends que ça ne doit être facile tous les jours. Moi qui me plaint de temps en temps, c’est de la rigolade !

  4. Maathiildee

    On me demande souvent si je suis dépaysée de vivre aux Etats-Unis, et je réponds que même si c’est différent, ce n’est pas non plus le choc de l’Inde. Alors là, merci pour cet article qui illustre vraiment ce « choc culturel ». Bon courage et profite en bien ! Je note aussi l’adresse du blog…

  5. Sylvie

    Pas si simple non plus de s’intégrer aux Etats-Unis, mais un niveau de vie équivalent et des valeurs communes. L’Inde, c’est un autre monde, une autre façon de penser, de vivre…
    Mais quelle richesse d’aller vivre dans un autre pays !

  6. Sylvie

    Et quelle belle expérience !

  7. Sylvie

    Une qualité indispensable pour voyager : savoir s’adapter !

  8. Sylvie

    Merci et bonnes vacances !

  9. Sylvie

    Le blog de Soma est très sympa car il nous parle de son quotidien en Inde.

  10. Très intéressant ! Je nous reconnais comme famille d’expats depuis quelques mois en Asie…que d’aventures !

  11. Quelle belle aventure ! Il est vrai que s’installer en Inde est un sacré challenge, mais qui en vaut la peine.

    J’ai eu l’occasion de parcourir ce si beau pays pendant 4 mois et ce voyage fut avant tout un voyage au bout de soi-même.

    J’avais pensé à m’y installer avec mon mari, mais je ne sais pas si je serais assez courageuse pour franchir le pas. Nous vivons finalement en Thaïlande, un pays également formidable et étonnant.

    Parfois, j’ai ce que j’appelle des « crises d’Inde », une idée fixe : y retourner ! On dit qu’il n’y a pas de demi-mesure, soit on adore l’Inde et on ne pense qu’à y revenir, soit on déteste et on se promet de ne plus jamais y remettre les pieds. Je fais partie de la première catégorie.

    Il y a d’ailleurs un livre que j’avais beaucoup aimé et qui traite de ce sujet : « Fous de l’Inde : Délires d’Occidentaux et sentiment océanique » de Régis Airault.

  12. Sylvie

    Merci pour ton commentaire. Tu me donnes envie de lire le livre dont tu parles.

  13. Quel chouette témoignage!! Et quel courage d’être allée, sans connaitre, et enceinte de 6 mois!

  14. Anne-Marie

    Effectivement accoucher en Inde parait un peu risqué mais il s’agit surement d’apriori… Enfin il faut surement bien choisir son endroit. Merci pour ce récit passionnant.

    1. visior64

      Accoucher en Inde est quelque chose qui se fait (avec pas mal de réussite) depuis le début de l’humanité.

  15. guerroudji

    je voudrais venir en vacance a new delhi et je souhaiterais savoir si des français pourrait m’acceuillir chez eux merci !!

  16. Julie Gonzalez

    Bonjour ! j’ai adoré votre témoignage ! Cela me donne encore plus envie de vivre la-bàs !

Laisser un commentaire