12 questions pour mieux connaître M’dame Jo, expatriée en Italie.
Où habites-tu ? Je vis dans une petite ville d’un peu plus de 10’000 habitants dans la région de la Brianza (http://fr.wikipedia.org/wiki/Brianza) en Lombardie. En Italie, donc.
Peux-tu te présenter ? Je suis M’dame Jo, j’ai un peu plus de 30 ans, je suis ingénieure, franco-suisse, ayant grandi en Suisse. L’année passée, après un chômage qui tirait un longueur, j’ai eu une opportunité professionnelle en Italie et j’y suis allée.
Depuis quand et pour combien de temps habites-tu ce pays ? Je finalisais les derniers détails de mon déménagement à cette même période il y a un an. Mon copain vit un peu entre l’Italie et la Suisse, où il travaille encore, il est donc un expatrié du weekend (situation qui changera, je l’espère, à l’automne).
1ère expatriation ? Oui et non. Tout d’abord, je suis techniquement une immigrée, étant née en France et ayant grandi en Suisse. La langue est la même et je ne suis pas née très loin de la frontière, mais je me demande parfois ce que cela change. Certes, quand on parle d’un enfant qui grandit entre deux cultures, on entend généralement un clash un peu plus important que Franche-Comté – Genève ! Mais cela change-t-il mon attachement à ma (mes ?) terre et, si oui, comment ? Est-ce que je me sens suisse ? Française ? Aucun des deux ? Aurais-je aussi quitté la Suisse si j’y étais née ? La vie a-t-elle un sens ? Faut-il mettre de la confiture dans les croissants ? J’approche mon anniversaire d’expatriation : je gamberge un peu malgré moi ! Mais je digresse. J’ai également vécu quelques mois dans la baie de San Francisco, où j’ai travaillé. Il était plus ou moins prévu que je m’y installe pour le travail, mais l’entreprise a gelé quelques budgets et mon projet est passé à la trappe. Nous avons donc : une immigration un peu minable et une expatriation partielle, si ça compte pour quelque chose.
Quelle langue parles-tu ici ? Je parle itanglais. Plus sérieusement, j’ai pris une quinzaine d’heures de cours d’italien l’été passé et depuis que je suis ici, j’ouvre mes oreilles, j’essaie de ne pas répéter ce qui me semble un peu trop familier et j’essaie de me convaincre chaque semaine que j’aurai le courage d’ouvrir mes livres d’italien et d’apprendre au moins la conjugaison des verbes auxiliaires et modaux et démêler un peu les pronoms (après un an, ce n’est toujours pas arrivé). Mais je peux dire que je comprends désormais assez bien et que je me débrouille. Ma boîte bosse pas mal à l’international, donc l’anglais occupe une place assez importante également. Je parle français le weekend. Et je parle beaucoup, du coup.
Tes activités ? A part travailler ? Je me suis inscrite au centre sportif municipal pour faire des cours de Pilates à 8€ et tenter de me faire des copines (j’ai désormais de jolis abdos, mais les copines, c’est pas encore ça). Le vendredi, on va souvent boire l’apéro (à deux ou avec des copains suisses en visite) dans le bar cool du bled où l’on se fait pas mal remarquer par le fait que l’on y va en « jeans-tongs-t-shirts » alors que les italiens sont pour la plupart sur leur trente-et-un et les italiennes sur des talons de treize centimètres. Le weekend, c’est marche/glande/exploration.
Qu’est-ce qui te manque de la Suisse ? Je vis à 4h30 de route (quand tout va bien) de Lausanne, où j’ai vécu 13 ans avant de déménager, du coup, je ne ressens probablement pas le manque comme un expatrié « longue distance ». Je dois aussi dire que je n’ai pas seulement changé de pays, mais je suis passée de la ville à la campagne, donc je ne suis pas sûre de ce que je peux attribuer au changement de pays ou à la taille de la ville.
Mais comme ça, sans trop réfléchir ? Les yaourts, le pain, les transports publics, la « cyclabilité », la bureaucratie moindre, la diversité culturelle, la relative laïcité, le Léman et la vue sur les montagnes (ici), les apéros improvisés avec les copines.
Si tu as des enfants, comment se passe leur scolarisation ? Je n’en ai pas. (Ça règle le problème)
Les avantages de ta vie dans ce pays /les inconvénients. Je crois que les inconvénients transparaissent dans la liste des choses qui me manquent.
Les avantages : je fais (théoriquement) une semaine de 39h au lieu de 42h en Suisse, il y a plus de soleil, j’apprends l’italien. Plus généralement, on dira que ça m’a détendue du slip: avant, j’aurais refusé de prendre un appartement à plus de 3km du centre de Lausanne, j’étais très attachée au fait de vivre « en ville ». Maintenant, je dois prendre ma voiture pour aller voir les copines, j’ai d’ailleurs dû acheter une voiture, je dois planifier plus, je ne peux pas aller clubber jusqu’à 4h du matin et rentrer à pied dans des états discutables, etc. … et je n’en suis pas morte. La bureaucratie italienne m’a rendue un peu marteau au début. Bref, je relativise un peu plus.
Les inconvénients : tout est compliqué, la quantité de papier, de signatures et de timbres fiscaux nécessaires au moindre truc ferait passer un fonctionnaire saint-gallois pour un hippie amnésique (les Suisses comprendront. Ou pas.). On a peu de jours fériés et plus de la moitié sont entre novembre et janvier (au revoir vendredi saint, Pentecôte, Ascension) et on est forcés de prendre des vacances en août et à Noël (c’est-à-dire pas quand je voudrais, vous l’aurez deviné). A choisir, je préférerais encore travailler 42h par semaine et jouir de mes jours de vacances comme je l’entends.
Tu rêverais de vivre où ? Excellente question. Je ne sais pas si je peux dire que je rêve d’y vivre, mais je retournerais bien à San Francisco pour y travailler quelques années. Cela n’est pas encore rangé au placard, d’ailleurs.
Ton regard sur la France et les français
J’ai droit à un joker? Je ne sais pas quoi répondre à cette question. Je ne suis pas assez suisse pour répondre en tant que suissesse et pas assez française pour répondre en tant qu’expatriée ayant un regard détaché sur ses compatriotes…
Peut-on te suivre sur un blog ?
Mon blog, qui est antérieur à mon déménagement, est mdamejo.blogspot.com
Si vous êtes expatrié, et que vous êtes ok pour répondre à ces mêmes questions, contactez-moi.
Toujours très intéressant de lire le vécu des expatriés. Merci du partage. Bises
Très intéressant son entretien. Et elle est de Franche-Comté aussi! ( lol, « aussi » :p ). Quant à l’amitié, c’est pareil pour moi, c’est facile d’avoir « quelques connaissances » mais pas évident d’voir de vrais amis…
bisous
Merci Petigris et Greyce pour vos commentaires. J’aime bien aussi ces entretiens et que de blogs sympas !
Merci M’dame Jo !
Merci à Sylvie de m’avoir « hostée », je me suis bien amusée.
Et pour info, la réponse est:
Non, sauf en Italie, où ils ne sont pas très bons.
Je me réjouis de lire les autres interviews.